Mise en ligne en juin 2022 - Mise à jour du 10 novembre 2023

L'endométriose, une maladie chronique invalidante et un handicap pour lesquels il n'existe pas de traitement curatif et dont les malades sont largement victimes de violences et discriminations au travail

L'endométriose de A à Z

L’endométriose se caractérise par la présence de tissus semblables à l’endomètre sur différents organes en dehors de la cavité utérine : le pelvis, le péritoine, les ovaires, les trompes, les ligaments utéro-sacrés ou nerfs sacrés (endométriose neuropathique), le rectum, l’intestin, le péritoine, la vessie, les reins, le diaphragme et les poumons (provoquant des pneumothorax), les cicatrices (endométriose pariétale), les yeux…  

Il existe plusieurs formes d’endométriose : 
  • ovarienne avec des endométriomes
  • superficielle
  • profonde 
  • ainsi que la forme interne au muscle de l’utérus : l’adénomyose. 
Aucune localisation ne peut être véritablement exclue et les témoignages de malades et de médecins confirment que les cas graves sont de plus en plus nombreux, et cela certainement sous l’effet croisé de la pollution environnementale croissante, de la libération de la parole et des progrès de l’imagerie pour le diagnostic.

Les foyers d’endométriose réagissent eux aussi aux fluctuations hormonales survenant lors du cycle menstruel. Sous l’influence de ces fluctuations, ils s’épaississent, saignent mais ne peuvent être évacués par les voies naturelles lors des règles. 

Cela provoque aux endroits où ils se trouvent : des lésions, nodules ou kystes, ainsi que des réactions inflammatoires avec formation d’adhérences accolant les organes entre eux et empêchant ainsi leur bonne mobilité et leur bon fonctionnement. Tout ce processus peut être extrêmement douloureux même s’il faut noter qu’il n’y a pas de corrélation entre la taille des lésions et la douleur ressentie (ou encore avec le stade de la maladie - notion obsolète qui n’est plus utilisée).

Epidémiologie de l'endométriose

L'endométriose est une maladie chronique complexe qui affecte 10% à 20% des femmes en âge de procréer.
Les estimations que j’ai menées en 2014 (d'après le bilan démographique publié par l'Insee en 2013) montrent que 2,1 à 4,2 millions de personnes sont atteintes en France.
On parle de 14 millions en Europe et 200 millions dans le monde.

Cette notion « en âge de procréer » est à prendre avec des pincettes. En effet la grande majorité des cas se concentrent à cette période de la vie de la femme, mais avec le phénomène de puberté précoce, on voit de plus en plus de très jeunes filles atteintes. De même, il y a un certain nombre de témoignages de femmes ménopausées (naturellement ou par hystérectomie) présentant une récidive des douleurs et/ou de l’endométriose.

Par ailleurs, quand on parle d’endométriose, on pense aux "femmes atteintes" mais l’approche se doit d’être plus inclusive puisque l’endométriose ne se réduit pas à l’utérus. L’endométriose se retrouve aussi chez des personnes non-binaires ou des hommes transgenres (donc né.es avec un utérus) comme chez des hommes cisgenres (suite à des hormonothérapies dans le cadre de cancers de la vessie ou de la prostate par exemple *) ainsi que chez des embryons (théorie embryonnaire du développement de l’endométriose).

25 % des hommes transgenres sont également atteints * et 50 % des personnes se présentant pour une hystérectomie dans le cadre d'une transition présentent des douleurs pelviennes * *

D'ailleurs, ce chiffre de 25% chez les hommes transgenres rejoint celui de l'endométriose chez les femmes cisgenres, puisqu'il semble qu'1 à 2 femmes sur 10 soit bien trop sous-estimé.

Autres chiffres importants

Parmi les malades : 

80% ressentent une limitation dans leurs tâches quotidiennes

65 % ressentent un impact négatif de l’endométriose sur leur vie professionnelle * (principales causes de cet impact : douleurs invalidantes, fatigue chronique, difficultés de concentration, difficultés à la mobilité pour les trajets domicile/travail, les déplacements et pour les stations assises/debout prolongées, port de charges difficile)

40% ont des troubles de la fertilité (en positif, cela signifie tout de même que 60% pourront avoir un (des) enfant(s) naturellement ou grâce à la procréation médicalement assistée PMA)

20% présentent une ou plusieurs maladies co-existantes (fibromyalgie, allergies, infections, maladies auto-immunes…) 

Sans parler des violences gynécologiques et obstétricales (VOG) et discriminations que connaissent quasiment tous.tes les malades * et qui ne font qu'ajouter du traumatisme dans le chaos de cette maladie déjà si douloureuse et pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif.

L'endométriose est une maladie et un handicap bio-psycho-social, c'est à dire qu'elle a une source biologique/physique et un impact psychologique et social.

Il n’existe pas une, mais des endométrioses ! Il n’y a pas de profil type de malade. Et l’endométriose est loin d’être centrée seulement sur l’utérus et les règles. C’est une pathologie systémique et potentiellement invalidante.

Quelles sont les causes de l'endométriose ?

L’endométriose est une maladie complexe qui prend des formes très variées et pour laquelle la recherche est assez peu avancée en France. On sait tout de même que l’endométriose est une maladie multifactorielle, résultant de l’action combinée de plusieurs facteurs.

L'ancienne hypothèse était celle de l’implantation de matériel utérin provenant de menstruations
rétrogrades (qui reflueraient par le haut via les trompes). Néanmoins, alors que les cliniciens estiment que 90% des femmes présentent des saignements rétrogrades, seules 10% développent des lésions d’endométriose. Et il a été déterminé que les lésions d'endométriose sont composées de tissu semblable à celui de l'endomètre, mais qu'elles ne sont pas de l'endomètre à proprement dit. Cette théorie est donc devenue obsolète.

Les causes de l'endométriose seraient donc :
  • inflammatoires et immunitaires. L’inflammation et la synthèse d’hormones stéroïdiennes sont les principaux mécanismes favorisant l’implantation et la croissance des lésions. Des marqueurs de l’inflammation et de maladies auto-immunes sont retrouvés. Les mécanismes de l’inflammation semblent être impliqués dans le processus de fibroses associé à l’endométriose, dans les douleurs chroniques mais également dans l’infertilité.
  • liées au développement tumoral. Il est observé, sur les kystes, nodules ou lésions, une prolifération des vaisseaux environnants de façon similaire à des processus tumoraux cancéreux. Par ailleurs, il existe une association épidémiologique entre l’endométriose et certains sous-types rares de cancer de l’ovaire (carcinomes endométrioïdes et à cellules claires).
  • héréditaires. La composante héréditaire de l’endométriose est donc admise même si des recherches sont encore nécessaires pour déterminer un ou des profils génétiques particuliers. Le risque de développer une endométriose pour les apparentées au premier degré est cinq fois plus élevé que dans la population générale.
  • environnementales. Les perturbateurs endocriniens, solvants, pesticides ou insecticides sont largement évoqués comme causes potentielles de l’endométriose. Ces molécules peuvent mimer les oestrogènes naturels et ainsi perturber leur action ou en modifier leur production (en excès). 
  • embryonnaires. Prolifération de cellules endométriosiques dès le stade où l’embryon est à un stade encore indifférencié sexuellement. Des lésions ont été retrouvées sur des foetus.

Les facteurs de risque (pouvant favoriser l'apparition de l'endométriose) :
  • puberté précoce
  • cycles courts
  • hyperménorrhée (hémorragie utérine)
  • ménorragie (règles abondantes et prolongées)

L'histoire de l'endométriose

C'est l’histoire d’une pathologie encore mal connue, et pourtant très ancienne puisque ses premières descriptions remontent à l’Egypte antique (vers 1855 avant Jésus-Christ). Des papyrus évoquent les symptômes douloureux au bas du ventre. Puis dans la Grèce Antique, les médecins précisent qu’il s’agit d’une maladie organique, touchant à l’utérus pendant les règles.  

Ces premières observations tombent peu à peu dans l’oubli… Au Moyen-Âge, les femmes souffrant de règles douloureuses sont considérées comme des sorcières, sous emprise démoniaque, en proie à des vomissements et des évanouissements. Elles sont envoyées au bûcher, enfermées dans des couvents et asiles...
Car l'étymologie du mot "utérus" renvoie à l’hystérie. Les femmes n’ont pas vraiment mal, les douleurs sont inventées de toutes pièces et mises en scène pour attirer l'attention. Pendant longtemps, l’endométriose qui était considérée comme une  maladie organique, est reléguée au rang de maladie psychique.

Aujourd'hui, l'idée que l'endométriose aurait une cause psychologique n'est pas du tout étayée par la science et la recherche médicale. Mais certains préjugés subsistent que ce soit dans le corps soignant ou dans la société de façon plus globale ; et font le lit de l'errance diagnostique des malades (cf plus bas).

Ce n’est qu’au XIXème siècle que l'endométriose revient sur le devant de la scène médicale avec le médecin autrichien Carl von Rokitansky qui la décrit en 1860 comme "la présence de muqueuse utérine en-dehors de l’utérus". Cette définition est longtemps restée tenace, même si l'on sait aujourd'hui qu'il ne s'agit pas de muqueuse utérine qui se dissémine dans le corps.
Le mot "endométriose" arrive en 1927, sous l’impulsion du gynécologue américain John Albertson Sampson. *

En France, l'endométriose entre dans le programme des étudiants en médecine seulement en 2020 ! 

"La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Et la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soit sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale."

préambule de la Constitution de l'OMS - 1946

Non ! A notre époque, il n'est plus normal de souffrir pendant ses règles ni de souffrir tous les jours !

Les symptômes de l'endométriose

Les ressentis sont très variables selon le type d’atteinte et selon chaque malade : certain.es ne souffrent pas ou très peu, certain.es uniquement autour de leurs règles ou ovulation, certain.es tous les jours de façon chronique indépendamment du cycle.

Les symptômes principaux de la maladie sont : (liste non exhaustive, on peut en recenser jusqu'à une centaine !)

  • Dysménorrhée = douleurs en rapport avec les règles (douleurs au bas ventre, bas du dos…)
  • Dyspareunie = douleurs en lien avec les rapports sexuels (plus ou moins profondes)
  • Dysuries = Douleurs urinaires (problèmes et douleurs à la miction, infections à répétition...)
  • Dyschésies et autres troubles intestinaux = douleurs pour éliminer les selles, alternance diarrhée/constipation, ballonnements, gonflements...
  • Douleurs pelviennes chroniques = douleurs aux ovaires, contractions utérines de façon quotidienne...
  • Asthénie = situation d'épuisement, stations debout/assise difficiles...
  • Douleurs de dos et d’épaules = névralgies, douleurs lombaires, compression au niveau du diaphragme
  • Douleurs neuropathiques = douleurs, compression, nécrose de nerfs, suites d'opérations chirurgicales...
  • Troubles de la nociception * = hyperalgie, dérèglement du système nerveux central (fourmillements, des sensations de brûlure, de gonflement, d’écrasement, de picotements ou de décharges électriques...)
  • Troubles de la mobilité = par la conjonction des symptômes
  • Infertilité = par insuffisance ovarienne, trompes atrophiées, problème à la nidation...
endométriose et handicap invisible

Quels impacts au quotidien ?

 
Le fait qu’il n’existe pas à ce jour de traitement curatif contre l’endométriose représente pour bien des malades une “épée de Damoclès” et une angoisse, d’autant plus que les symptômes ressentis sont invalidants, que les traitements et opérations chirurgicales nécessaires au soulagement sont parfois lourds d’effets secondaires et de risques (voir plus bas). 

Par ailleurs, le manque de reconnaissance de la pathologie et de ses conséquences, les paroles dénigrantes, discriminations voire violences subies lors du parcours médical ont un impact certain (parfois plus d'impact que la maladie en elle-même).

Vivre avec une endométriose est un vrai cheminement et un parcours du combattant, d’où le terme “endo-warriors” très présent sur les réseaux sociaux. 

Globalement, l'endométriose et son parcours chaotique peuvent générer des troubles anxio-dépressifs et d'autres impacts pouvant se traduire par : 

  • difficultés de concentration = du fait des douleurs, de l'asthénie, des effets secondaires des traitements et de la charge mentale que représente la maladie au quotidien
  • des troubles du sommeil = réveils par les douleurs à répétition, impossibilité de s'endormir à cause des douleurs et symptômes...
  • "urgence toilettes" = impétuosités, incontinence urinaire ou digestive, hémorragies pendant ou dehors de la période des règles, en raison des lésions endométriosiques ou de séquelles opératoires
  • des difficultés à prendre soin de soi = perte de confiance, problème de poids, développement de phobie en lien avec le médical, isolement et repli sur soi...
  • des difficultés relationnelles = peu de conjoint.e.s, proches et ami.es comprennent réellement ce qu’il se joue dans la vie de la personne atteinte d’endométriose, manque de soutien et incompréhension de l’entourage...
  • des difficultés à assumer sa vie professionnelle = arrêts maladie fréquents (estimés à 31,4 jours par an à cause de la maladie, de soins et éventuelles interventions chirurgicales) , fatigue importante au quotidien, problèmes de concentration, perte de mobilité et productivité… 
  • des difficultés à profiter de sa vie privée et sociale = solitude face à la maladie et aux violences subies, impossibilité d'aller dans un lieu où il n'y a pas de toilettes, peu ou pas d'activités de loisirs, difficultés lors des rapports sexuels, changements alimentaires importants...

Le/la partenaire et l’entourage proche sont eux aussi directement impactés
. Le/la partenaire peut se sentir seul.e et impuissant.e face aux douleurs de la personne qui souffre qui, à son tour, peut finir par s’enfermer dans la maladie et complètement se replier sur soi.

De toute façon, l’ensemble de la société est également concernée par l’endométriose, autant par les coûts de santé qu’elle représente (en moyenne plus de 9000€/an/malade, presque autant que pour un cancer du sein par exemple) que par la répercussion sur le travail et la condition des femmes et des minorités de genres.

Certain.es malades bénéficient d'une exonération en ALD31, d'une reconnaissance comme "travailleur" ou "adulte handicapé", voire d'une pension d'invalidité . Et cela bien que l’endométriose ne soit pas encore reconnue officiellement et nationalement comme une maladie invalidante. 

L'endométriose peut donc devenir un véritable handicap en raison de l'ensemble des limitations et restrictions qu'elle impose aux personnes atteintes. Il s'agit bien d'un trouble de santé invalidant et handicapant (handicap invisible)

Le délai de diagnostic de l'endométriose est d'en moyenne 7ans... Pourquoi est-ce si long ?

La méconnaissance de la maladie par le corps médical ainsi que la tendance à systématiquement minimiser la souffrance des femmes et minorités de genre sont les principaux facteurs expliquant l’errance diagnostique.
L’excuse du manque d’information n’est plus valable à ce jour et ne saurait expliquer le refus de prescrire des examens ou la psychologisation des symptômes : "c'est normal d’avoir mal", "c'est dans votre tête”, “vous en faites trop", "ce n'est pas possible à votre âge" etc…

La famille, les amis, les conjoints banalisent aussi très souvent les douleurs de façon intériorisée
: "Je suis passée par là aussi et moi je ne me suis pas plainte", "ta cousine a la même chose mais elle n'est pas chochotte comme toi" etc...

Le manque de connaissance (« ca n’existe pas »), la psychologisation de la maladie (« tout est dans ta tête »), l’infériorisation de la femme («chochotte », « bonne à rien », …) et donc la non prise en charge, amènent à des dégâts considérables sur la qualité de vie (renoncement aux soins, aggravation de la maladie voire handicap dus à une mauvaise prise en charge, conséquences pouvant être mortelles comme une occlusion intestinale ou une péritonite due à l’éclatement d’un kyste endométriosique par exemple…).

Le diagnostic et la prise en charge sont souvent retardés chez les personnes 
  • racisées, ("syndrôme méditerranéen")
  • LGBTQI+ 
  • en situation de précarité (qui n'ont pas les moyens de payer certains dépassements d'honoraires)

Comment est posé le diagnostic ?

Un médecin généraliste ou un gynécologue spécialiste peut suspecter une endométriose et sa localisation grâce à l’examen gynécologique classique et l’écoute des symptômes décrits par les malades. 

Les principaux examens pouvant aider au diagnostic et à la prise en charge sont  : 
  • l’échographie endo-vaginale
  • l’IRM abdomino-pelvien (d’autant plus préconisé pour les jeunes filles)
  • l’écho-endoscopie rectale ou scanner colo-rectal (pour les atteintes digestives)
De moins en moins pratiquée, et souvent en dernier recours, une cœlioscopie (acte chirurgical invasif pratiqué sous anesthésie générale) peut être effectuée par le chirurgien gynécologue. Elle sert à aller explorer les lésions d’endométriose et éventuellement à les traiter (mais ce n’est pas toujours le cas). Et comme toute chirurgie, elle n'est pas sans risque, notamment en termes de tissus adhérentiels cicatriciels (cicatrices internes qui produisent des adhérences post-chirurgicales). 

Il est capital que ces examens soient réalisés et interprétés par des médecins et radiologues ayant une expérience de l’endométriose. Et qui allient ces compétences indispensables avec plus d’écoute et de bienveillance à l’égard des patient.e.s. 

Et les traitements contre l'endométriose ?

 On ne guérit pas spontanément de l’endométriose. Et il n’existe pas de traitement curatif. Celle-ci ne disparaît généralement qu’à la ménopause, bien que quelques cas aient été observés après cette période. Le traitement a pour objectif de soulager la douleur, stabiliser l’évolution, traiter les éventuelles complications et de prévenir le risque d’infertilité.


Outre les médicaments antalgiques, le traitement médical de première intention consiste à stopper les règles (aménorrhée) pour mettre au repos la muqueuse utérine afin d’éviter aux lésions d’endométriose de saigner et de générer une inflammation douloureuse chaque mois lors des règles. En bloquant l’ovulation, une pilule œstroprogestative ou progestative (hormones contrôlant le cycle) permet, outre son action contraceptive, de bloquer les règles. Le stérilet (Dispositif Intra Utérin) diffusant des progestatifs tel que le Levonorgestrel peut également être utilisé dans certains cas. Il peut être aussi proposé des analogues de la GnRH (ménopause artificielle) et les réducteurs de la production endogène d’œstrogènes (tel que le Diénogest).


Les traitements médicamenteux les plus consommés par les malades d’endométriose sont :

  • des anti-Inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

  • des contraceptifs par progestatif seul

  • des traitements hormonaux substitutifs

  • des pilules contraceptives de type combiné

  • des anti-douleurs plus ou moins forts (allant jusqu’à la morphine)

  • des antidépresseurs

  • des anxiolytiques


La chirurgie doit être réservée au cas par cas, en fonction des localisations bien identifiées de l’endométriose, si le traitement médicamenteux s’avère insuffisant pour soulager les douleurs, et en prenant en considération les risques post-opératoires et les séquelles possibles. L'information à ce sujet se doit d'être complète et personnalisée pour bien évaluer la balance bénéfices/risques. Sauf en cas d’adénomyose douloureuse et réfractaire aux traitements médicamenteux, l’hystérectomie est inutile car l’endométriose est dépendante des œstrogènes sécrétés par les ovaires.

Enfin l’assistance médicale à la procréation (PMA) peut être proposée devant un trouble de la fertilité ou bien de façon préventive en amont de la chirurgie.

Remarque : tous les traitements hormonaux pouvant traiter l'endométriose sont tous contraceptifs. La grossesse n'est pas un traitement de l'endométriose.

Des solutions positives avec les approches thérapeutiques non-médicamenteuses

La prise en charge de l’endométriose ne doit pas s’arrêter aux seuls aspects médicaux et chirurgicaux, et peut être complétée par d’autres approches. Plus de la moitié des malades font appel à des médecines complémentaires pour être soulagées.

  • La kinésithérapie et l'ostéopathie ont une place majeure dans la prise en charge non-médicamenteuse de l'endométriose car amènent une amélioration significative des dimensions physiques et psychologiques.
  • Par son effet antalgique et décontractant, l’acupuncture peut soulager les malades, améliorer leur qualité de vie et diminuer le recours aux médicaments antalgiques.
  • La pratique du yoga ou d'une activité sportive adaptée permet de travailler des postures relaxantes et des exercices respiratoires pour apporter décontraction, mouvement et gestion de l’inflammation et du stress chroniques.
  • La naturopathie permet quant à elle de rééquilibrer l'alimentation pour aller vers une alimentation anti-inflammatoire visant à réduire l’inflammation et restaurer la bonne santé du microbiote intestinal. La naturopathie peut aussi passer la supplémentation en compléments alimentaires, par l'usage de plantes médicinales et/ou huiles essentielles.
  • Le cannabidiol (CBD) en vente libre est largement utilisé comme un moyen de lutter contre les insomnies, le stress et l’anxiété et les douleurs chroniques *.
  • Les thérapies comportementales et cognitives, l’hypnose ou les techniques de méditation en pleine conscience peuvent aider les malades à se relaxer, à apprivoiser leurs douleurs et symptômes afin de mieux vivre avec la maladie. 
  • Les centres anti-douleurs sont aussi à même de proposer des suivis et des approches complémentaires visant à la compréhension et au soulagement des douleurs chroniques (par exemple : la neurostimulation transcutanée (TENS)  - qui peut aussi être prescrite par les médecins généralistes dans certains cas).

L’efficacité réelle de certaines de ces thérapeutiques doit encore être évaluée. Cela n’empêche pas qu’elles soient promues et mises en pratique dans les accompagnements proposés par les associations de malades, par des professionnel.es de santé et centres de l'endométriose et ainsi que dans les programmes d’Education Thérapeutique des Patient.es.

La nécessité pour chaque patient.e d'être dans une stratégie de prise en charge globale médicale, chirurgicale et complémentaire est fondamentale pour un mieux-vivre au quotidien.

Tout traitement (même naturel ou chirurgical) peut comporter des effets secondaires. Il est fondamental qu'une information claire et complète soit délivrée aux malades.

Pharmacovigilance

La pharmacovigilance est la surveillance des médicaments et la prévention des risques d’effets indésirables résultant de leur utilisation, que ce risque soit potentiel ou avéré.

- mise à jour du 10/11/2023 -

Nous savons pertinemment qu'il n'existe pas de solution miracle pour traiter l'endométriose et qu'il est parfois absolument nécessaire de prendre des traitements hormonaux. Ces alertes ne sont pas là pour vous inciter à arrêter vos traitements et/ou à ne pas vous vacciner. Parlez-en à votre médecin en priorité.

ALERTE de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM)

depuis juillet 2021 pour les médicaments Androcur, Lutéran et Lutényl
+ une nouvelle alerte a été lancée début mars 2023 sur le risque de méningiome et la prise de progestatifs

 
Les médecins qui prescrivent de l’acétate de cyprotérone (Androcur et génériques), du Lutényl (acétate de nomégestrol), du Lutéran (acétate de chlormadinone) ou leurs génériques doivent désormais remettre aux patientes concernées un document d’information présentant le risque de méningiome.

L'alerte de mars 2023 concerne les progestatifs médrogestone (Colprone), progestérone à 100 mg et 200 mg (Utrogestan, Progestan et génériques), dydrogestérone (Duphaston, Climaston) et dienogest (Climodiene, Dimetrum, Endovela, Misofla, Oedien, Qlaira, Sawis, Visanne et leurs génériques).

Pour le Dienogest (également mis sous surveillance car fortement suspecté), l'ANSM ne pourra sortir l'étude sur ce médicament que dans quelques mois.


Par ailleurs, dès lors que le traitement est poursuivi au-delà d’un an, toute dispensation de ces médicaments en pharmacie nécessitera de présenter une attestation annuelle d’information co-signée par la patiente et son médecin. En cas de signes évocateurs, il est conseillé de faire une IRM cérébrale.

Rappelons que les progestatifs sont des médicaments utilisés dans diverses pathologies gynécologiques (endométriose, fibromes, règles particulièrement longues et/ou abondantes, troubles du cycle), dans le traitement hormonal substitutif (y compris ménopause) ; mais aussi en obstétrique (stérilité par insuffisance lutéale, avortements à répétition). Pris en continu, ils sont contraceptifs (par effet direct ou indirect).


Pour toute question à ce sujet, nous vous conseillons de vous orienter vers l'association AMAVEA.

Formulaire de déclaration d'effets secondaires ("événements sanitaires indésirables")

Troubles menstruels et vaccination Covid-19

Pour toute question, orientez vous vers le collectif "Où est mon cycle".

Sources :

Recommandations pour l'endométriose de la HAS et du CNGOF (399 pages) - 2017
HAS "Démarche diagnostique et traitement médical" (2017)
INSERM - 2018
AMELI - 2022
MOOC Endométriose
Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose *
Podcasts Radiofrance sur l'hystérie *
Article rédigé par Barbara Mvogoh, présidente de Justice Endométriose
10 ans de militantisme, recherches personnelles et recueil de témoignages